Le sport dans la peau

  • 1 novembre 2024

  • Emilie Lambiel

  • Etienne Arn

  • Publier dans le GYMLIVE 3/2024

A 26 ans Giulia Damiano fait partie du CO de la prochaine Fête fédérale de gymnastique Lausanne 2025. Le quotidien de cette dynamique Vaudoise, paraplégique depuis un accident de gymnastique en 2021, est rythmé par le sport et rien ne semble la freiner, pas même son fauteuil roulant.

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Portrait Giulia Damiano

Date de naissance : 19 septembre 1998
Domicile : Lausanne
Profession : Cheffe de projet au secrétariat général Lausanne 2025
Société de gymnastique :gymPully
Loisirs : Gymnastique, tennis, escalade en salle

C’est dans les bureaux du Comité d’organisation Lausanne 2025, au centre de Lausanne, que je retrouve Giulia Damiano, en cette journée ensoleillée de juin. Cette jeune Vaudoise de 26 ans y travaille depuis le mois de janvier 2023. Elle y a tout d’abord effectué un stage de 9 mois en parallèle à ses études de master en management du sport à l’Université de Lausanne, avant de décrocher un poste de collaboratrice au Secrétariat général au mois d’octobre 2023.

Un challenge qui lui permet de concilier sa passion pour la gymnastique et le sport à son cursus universitaire tout en étant au coeur de l’organisation d’un événement de grande envergure – la plus grande manifestation sportive de Suisse – qui sera de retour sur les bords du Léman après 74 ans d’absence. Lausanne 2025 n’est d’ailleurs pas le premier événement gymnique dans lequel Giulia s’investit.

Fidèle à la gymPully

La gymnastique fait partie intégrante du quotidien de Giulia depuis sa plus tendre enfance. Elle a toujours été membre de la société de gymnastique de Pully, d’abord en tant que gymnaste aux agrès, puis en tant que monitrice, juge et finalement vice-présidente du comité de la société. « Le rôle de vice-présidente me permet d’oeuvrer sur différents fronts », explique la Vaudoise. Des activités qu’elle exerce encore aujourd’hui : « Actuellement, je suis encore coach du groupe actifs d’agrès de société au sol, je suis donc en salle de gym les lundis soir, j’ai mon brevet de juge B1 individuel et de juge de société que j’ai fait en 2023, après mon accident », précise Giulia.

C’est en 2021 que la vie de Giulia bascule. Lors d’un entraînement aux anneaux, la gymnaste chute et tombe sur le dos, d’une hauteur de 5 mètres. « J’effectuais un exercice habituel aux anneaux et j’ai fait une erreur de timing. Cela a provoqué un à-coup dans les anneaux qui m’a fait chuter sur le dos, sur les petits tapis de réception ».

Une chute grave, qui la rend paraplégique : « J’ai tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. La douleur dans mon dos était extrême et je ne pouvais plus bouger », se souvient la gymnaste.

Actuellement, je suis encore coach du groupe actifs d’agrès de société au sol, je suis donc en salle de gym les lundis soir.

Une détermination à toute épreuve

A son arrivée à l’hôpital, elle subit une opération qui dure toute la nuit, puis une deuxième 2 jours plus tard. 10 jours après l’accident, elle est transférée au Centre suisse des paraplégiques à Nottwil où elle passera les 5 mois suivants en rééducation. « Après 6 semaines sans bouger, j’ai dû tout réapprendre. J’avais des séances de physiothérapie et d’ergothérapie par exemple. J’ai reçu beaucoup de visites pendant cette période, notamment des membres de ma société de gym ».

Une période durant laquelle Giulia décide de rester active et de ne pas se laisser abattre : « J’ai choisi de continuer mes études à distance. Grâce au covid, les cours en ligne étaient devenus courants à l’université. J’ai donc pu suivre mes cours de master et finir l’année normalement. J’ai même obtenu une dérogation pour passer mes examens de fin de semestre à Nottwil », explique-t-elle. Une détermination à toute épreuve ? « Plutôt un moyen de m’évader et de penser à autre chose qu’à ma rééducation », sourit Giulia.

Giulia Damiano en fauteuil roulant dans la ville de Lausanne
Du point de vue de Giulia Damiano, il y a beaucoup d'installations sportives à Lausanne qui ne sont pas accessibles aux personnes handicapées.

A son retour à Lausanne, une autre épreuve l’attend. Son appartement en colocation n’étant pas compatible avec sa chaise roulante, elle doit trouver un nouvel endroit où vivre. « Après des recherches intenses, j’ai finalement trouvé un appartement adapté, proche du centre-ville de Lausanne. C’est d’ailleurs le seul appartement disponible que j’ai trouvé dans la région. J’y ai emménagé avec mon copain, Alejandro, en avril 2022. Nous y sommes encore aujourd’hui et ce n’est pas très loin de mon travail actuel au sein du Comité d’organisation Lausanne 2025 », explique la Vaudoise.

Je joue un rôle clé en apportant ma perspective et mon expérience quotidienne en chaise roulante.

L’inclusion au centre des réflexions

Un travail qu’elle considère comme idéal : « Organiser un si gros événement, dans mon sport et dans ma ville, je n’aurais pas pu rêver mieux », se réjouit Giulia qui poursuit : « Je suis responsable de cinq commissions différentes, les traductions, le secrétariat général, l’informatique, les accréditations et la FFG on Tour », explique-elle.

Pour le Comité d’organisation de cette 77e Fête fédérale, l’inclusion est au centre des réflexions et Giulia apporte également sa contribution dans ce domaine. En effet, lorsque la commission inclusion se penche sur certaines questions, celles-ci sont toujours présentées à Giulia qui a la possibilité de donner son avis. « Indirectement, je fais partie de cette réflexion sur l’inclusion. Je joue un rôle clé en apportant ma perspective et mon expérience quotidienne en chaise roulante ».

Une passion intacte pour le sport

La situation n’est toutefois pas identique dans le sport en général, ce que l’athlète regrette : « A Lausanne, il y a beaucoup d’infrastructures sportives mais elles ne sont pas adaptées à toutes et tous. Il manque des offres au niveau du sport loisirs pour les personnes en situation de handicap. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, notamment au niveau de l’accessibilité de ces lieux ».

Cela ne l’empêche cependant pas de tester de nouvelles disciplines, telles que la grimpe en salle, le tennis ou le handiski, qu’elle pratique régulièrement, grâce à un équipement adapté.

Malgré les épreuves, Giulia est restée fidèle à la gymnastique et sa vie est rythmée par le sport, que ce soit au niveau professionnel ou dans les loisirs. Lorsque son contrat se terminera en août 2025, après la Fête fédérale de gymnastique, son souhait serait de continuer à travailler dans le domaine du sport.

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