Inclusion dans sa propre partie – un défi

L'année prochaine, en juillet, Lausanne accueillera la Fête fédérale de gymnastique (FFG). Pour Julien Crisinel, le directeur des compétitions et Vaudois d'origine, cela signifie une fête dans le lieu où est né son amour pour la gymnastique. Mais le lien émotionnel avec sa patrie n'est pas le seul élément qui le caractérise. Pour la première fois dans l'histoire de la Fête fédérale de gymnastique, des personnes handicapées et non handicapées vont participer ensemble à des compétitions telles que le lancer du poids et le saut en longueur. L'inclusion est l'un des thèmes centraux qui font de cette fête un événement exceptionnel.

Julien Crisinel, l'inclusion est certes un événement particulier, mais elle implique certainement des efforts ?

C'est un effort considérable et un grand défi. L'idée a germé au sein du comité d'organisation lorsque Giulia Damiano, une personne en fauteuil roulant, a exprimé le souhait de participer à l'événement avec sa société. Jusqu'à présent, cela n'était pas possible, car le concours PluSport – la compétition pour les personnes handicapées – se déroulait séparément.

Notre objectif était de permettre à tout le monde de participer à la Fête fédérale de gymnastique – dans les mêmes conditions et dans la même compétition. Cette démarche s'inscrit dans la stratégie d'inclusion de la Fédération suisse de gymnastique, qui souhaite promouvoir le sport pour tous.

Pourquoi précisément le lancer du poids et le saut en longueur ?

Le choix d'inclure le lancer du poids et le saut en longueur comme disciplines inclusives était bien réfléchi. Les sports comme la gymnastique et les anneaux balançants, ont déjà accueilli des personnes avec des handicaps. Dans les disciplines d'athlétisme cela manquait jusqu'à présent. Nous nous sommes concentrés sur ces deux disciplines, car il y avait déjà des résultats de PluSport et nous disposions de suffisamment de données pour garantir une évaluation équitable pour tous. Il est ainsi garanti que les sportifs en fauteuil roulant pourront également participer. Le lancer du javelot ou le saut en hauteur en fauteuil roulant auraient été irréalistes, le choix s'est donc porté sur le lancer du poids et le saut en longueur.

Le 1er octobre, les inscriptions ont commencé – quelles sont vos attentes ?

Il sera passionnant de voir si les gymnastes vont avoir envie de participer à une Fête Fédérale après les difficultés rencontrées ces dernières années. La FFG 2025 marquera également le lancement d'un nouvel outil numérique, le FSG Contest 2.0, qui a été développé explicitement pour cette fête de gymnastique.

Il nous permet de réaliser un processus d'inscription et d’organisation entièrement numérique. Auparavant, il fallait télécharger les documents
séparément et les gérer dans des systèmes différents. Maintenant, tout est directement intégré, de l'envoi des factures à la communication et à l'organisation des compétitions.

Le pas vers la numérisation ne facilite pas seulement le travail du comité d'organisation, il offre aussi de nombreux avantages aux participants. Il y a bien sûr toujours du scepticisme face aux nouveaux systèmes, mais en fin de compte nous faisons ainsi un grand pas en avant.

(N.B. de la rédaction : l'interview a eu lieu avant la clôture des inscriptions (1er décembre).2332 sociétés se sont inscrites à la compétition des sociétés).

Il reste encore environ six mois avant la fête. Quels sont les défis qui restent à relever avant la fête ?

Alors que l'inscription est l'un des thèmes centraux de l'organisation, il reste encore beaucoup d'autres tâches à accomplir. Les places de concours doivent être organisées avec précision. Pendant la phase d'inscription, il y aura beaucoup de questions et nous devons nous assurer que toutes les sociétés reçoivent à temps les informations nécessaires. Après l'inscription il y aura le travail sur les plans de compétition pour les sociétés et les gymnastes individuel.le.s. Parallèlement, il faudra établir les horaires pour les juges et les fonctionnaires. C'est un défi permanent que de maintenir la communication vers l'extérieur et d'informer toutes les personnes concernées.
La numérisation croissante exige justement une coordination sans faille de tous les processus. Par rapport à Aarau 2019, où beaucoup de papier circulait encore, tout est cette fois-ci numérique et donc plus direct et personnel.

Lausanne, ville hôte, est pour vous un enjeu particulier, pourquoi ?

C'est très spécial d'organiser la Fédérale ici dans la région où j'ai grandi et où est né mon amour pour la gymnastique. La ville de Lausanne et la gymnastique ont une longue histoire comune, depuis les Championnats du monde de gymnastique artistique de 1997 jusqu'à la Gymnaestrada de 2011.

C'est un honneur de faire découvrir notre ville et le canton de Vaud aux gymnastes venu.e.s de toute la Suisse. Nous voulons prouver que nous sommes capables, en Suisse romande, d'organiser un événement d'une telle envergure. Lausanne doit, en tant que ville hôte, briller et enthousiasmer le monde de la gymnastique.

Il faut beaucoup d’anticipation ?

J'aime les défis de ce genre et le sentiment de faire des choses que je n'ai jamais faites auparavant. Pour moi, c'est une chance unique que d'acquérir de l'expérience et d'apprendre de nouvelles choses. J'attends avec impatience le 22 juin, lorsque la fête sera terminée et que je pourrai dire : J'ai été directeur des concours de cette fête de gymnastique.

Qu’est-ce-qui vous rendrait heureux ?

Que les compétitions se déroulent de manière équitable qu’elles soient bien organisées et que les gymnastes et les
fonctionnaires soient satisfaits. Bien sûr, il y aura des situations inattendues auxquelles il faudra faire face, mais c'est normal pour un événement de cette ampleur.

Etes-vous inquiet de l’ampleur de la tâche ou est-ce que quelque chose vous fait particulièrement peur ?

J'ai appris au cours de mes années passées chez les pompiers, à rester calme et à respirer lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu. Ce calme et cette sérénité me serviront aussi pour l'organisation de la FFG 2025.

La Fête fédérale de gymnastique 2025 à Lausanne ne sera pas seulement un événement particulier en raison de sa taille et de son importance, mais aussi en raison du fait que pour la première fois on pourra compter sur l’inclusion de sportif.ves.s handicapé.e.s. Julien Crisinel et son équipe font face à de grands défis, mais c'est avec passion et engagement qu'ils s'emploient à faire de la fête une réussite totale. Lausanne est prête à accueillir le monde de la gymnastique – et Crisinel se réjouit de diriger cet événement dans son pays.

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